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Cinq personnes sont en réanimation au centre hospitalier de Tours pour une suspicion de botulisme, a annoncé Patrice Latron, le préfet d’Indre-et-Loire, lors d’un point presse, mardi 10 septembre. Une enquête judiciaire a été ouverte.
« Deux couples se sont présentés aux urgences samedi » et une cinquième personne, dimanche, après avoir participé à un même « repas d’anniversaire », a précisé le préfet lors d’un point presse. Les patients, tous majeurs, « sont actuellement en réanimation, conscients, intubés, ventilés » au centre hospitalier de Tours, a détaillé le préfet.
« Sur la base d’indices convergents », les autorités sanitaires suspectent des cas de botulisme liés à l’ingestion « d’un produit [de la marque] Ô p’tits Oignons, qui est un pesto à l’ail des ours, produit en Touraine », selon le préfet. Ce produit artisanal est « fortement suspecté d’être à l’origine de cette contamination », qui peut être mortelle, a-t-il souligné.
La priorité est désormais de « valider scientifiquement l’hypothèse du botulisme et puis de leur assurer le meilleur traitement possible » ainsi que de faire de « la prévention pour éviter que d’autres personnes ne consomment le produit » suspecté. « Ce sont six cents bocaux que nous cherchons » sur toute la France, et « les personnes qui [les] ont achetés doivent les jeter, les détruire », a-t-il estimé.
Ils ont été vendus lors de quatre événements : la « Fête des Plantes et du Printemps » au château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire fin mars, la Fête « Nature en fête » au château de Cangé à Saint-Avertin mi-avril, la « Foire à l’ail et au basilic » à Tours fin juillet et au « Festival de la tomate et des saveurs » au château de la Bourdaisière à Montlouis-sur-Loire, qui s’est tenue samedi et dimanche, a-t-il dit.
« Le délai d’incubation de cette toxine est entre 4 heures et 8 jours », a-t-il rappelé, voulant « rassurer les personnes qui ont consommé ce produit il y a plusieurs semaines ».
Si les points de vente sont localisés au sein d’une même région, l’alerte a été donnée « immédiatement au niveau national avec un relais au niveau des ministères de la santé et de l’agriculture », selon le directeur de la santé publique pour l’Agence régionale de santé (ARS) du Centre-Val de Loire, Jean-Christophe Comboroure, lors de la même conférence de presse.
Quelque 30 % des bocaux ont été vendus par carte bleue et une équipe d’enquêteurs « sont en train de rechercher tous les clients et de les contacter », a signalé la directrice départementale de la protection des populations (DDPP) d’Indre-et-Loire, Carine Bar.
D’après M. Latron, une « enquête alimentaire » a « immédiatement été diligentée » entre l’ARS du Centre-Val de Loire, et les services de la DDPP. Elle est doublée d’une enquête judiciaire, a-t-il confirmé. Cette « enquête pénale », confiée à la direction interdépartementale de la police nationale et la DDPP, retient « pour le moment » l’infraction de « blessures involontaires par personne morale suivies d’une incapacité supérieure à trois mois », selon la procureure de la République de Tours, Catherine Sorita-Minard. Aucune garde à vue n’a été effectuée, précise-t-elle, ajoutant que « les analyses se poursuivent » en vue de confirmer ou d’infirmer les suspicions de botulisme.
Sur sa page Facebook, le producteur mis en cause s’est dit « sincèrement désolé » de cette situation. « A la suite d’un cas de botulisme, le pesto à l’ail des ours que je produis est peut-être en cause (…). Actuellement, ce n’est pas confirmé mais une forte suspicion » existe, a-t-il écrit.
Le botulisme est une affection neurologique rare et grave, mortelle dans 5 % à 10 % des cas, provoquée par une toxine très puissante produite par une bactérie qui se développe notamment dans les aliments mal conservés, faute de stérilisation suffisante.
Elle engendre des problèmes oculaires (vision double), un défaut de déglutition et, dans les formes avancées, une paralysie des muscles, notamment respiratoires, qui peut conduire au décès.
En septembre 2023, seize clients, dont une femme qui en est morte, ont été identifiés comme « cas suspects de botulisme » après avoir mangé des sardines en conserve de fabrication artisanale dans un restaurant touristique du centre de Bordeaux. En France, le botulisme est rare : l’incidence moyenne s’est stabilisée depuis 1980 autour de 20-30 foyers par an, impliquant, le plus souvent chacun, un à trois malades.
D’après des données de l’Agence nationale de santé publique, Santé publique France (SPF), datant de 2017, le taux d’incidence national est faible, s’élevant à 0,08 par million d’habitants. La maladie peut s’avérer grave lorsqu’elle n’est pas traitée à temps, et dans 5 % à 10 % des cas elle est mortelle, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’affection est provoquée par une toxine, qui agit sur le système nerveux, produite par la bactérie Clostridium botulinum, explique SPF.
Le Monde
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